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mercredi 05 juillet 2017

Rencontre avec Mickaël Jeremiasz, champion paralympique de tennis en fauteuil

Quadruple médaillé paralympique, Mickaël Jeremiasz a fait de la banalisation du handicap son cheval de batail. Y compris au sein des entreprises.

 

Michael Jeremiasz, qui es-tu ?

Mickaël Jeremiasz : Ma vie a pris un tournant à l’âge de 18 ans suite à un accident de ski qui m’a rendu paraplégique. Après une phase de rééducation intense, j’ai repris une vie ordinaire… ou presque : je me suis lancé dans le tennis en fauteuil un peu par hasard, tout en poursuivant mes études en Langues Etrangères Appliquées. 1 an seulement après ma découverte de ce sport, je suis devenu champion de France ! Je me suis lancé totalement dans le tennis en fauteuil en 2004 en vue des Jeux Paralympiques d’Athènes pour décrocher au final 2 médailles ! C’est aux Jeux de Pekin en 2008 que je remporte ma plus belle victoire : une médaille d’or en double, avant d’obtenir une dernière médaille au Jeux de Londres en 2012.

 

En parallèle, j’ai souhaité partagé et témoigné de mon expérience du handicap à travers un livre « Tant d’histoires pour un fauteuil » co-écrit avec Marc Germanangue, sorti en 2011, et en fondant l’association Comme Les Autres, qui propose à des personnes handicapées suite à un accident de la vie un accompagnement global. Enfin, j’ai eu l’honneur de terminer ma carrière de sportif en étant le porte-drapeau de la délégation française aux Jeux Paralympiques de Rio en 2016.

 

Tu as également créé Handiamo !, une entreprise sociale autour du sport et du handicap. Quelles sont ses activités ? 

Mickaël Jeremiasz : Handiamo!  est une entreprise sociale agréée solidaire spécialisée dans la gestion de carrières de sportifs de haut niveau en situation de handicap et l’organisation d’événements et de conférences de sensibilisation au handicap. Sa mission : professionnaliser le Handisport et contribuer à changer le regard des gens sur le handicap.

 

Tu as participé à l’opération tennis en fauteuil à Roland-Garros, en partenariat avec The Adecco Group. En quoi ce type d’événement aide-t-il à dépasser l’image du handicap ?

Mickaël Jeremiasz : Depuis 4 ans, la Fédération Française de Tennis et The Adecco Group organisent cette opération, avec Handiamo !, qui est devenue un vrai succès populaire ! Le grand public découvre qu’il est possible de faire du sport tout en étant en fauteuil roulant… Cela permet de banaliser le handicap et la différence, de sortir de l’image de souffrance liée au fauteuil. Hommes, femmes, enfants, valides ou non, tout le monde se prête au jeu et change sa vision du handicap.

 

Quelles autres actions mènes-tu pour faire évoluer la perception des personnes en situation de handicap ?

Mickaël Jeremiasz : Tout au long de l’année, je me rends dans des écoles, des collèges et des lycées pour échanger sur mon parcours, mon engagement et leur vision du handicap. En complément de mes activités, j’interviens régulièrement dans les médias avec un objectif : faire changer de regard sur le handicap. Nous sommes aujourd’hui sous-représentés et peu visibles, même dans des lieux publiques : sortir de chez soi est parfois déjà un acte militant lorsque nous sommes confrontés aux problèmes d’infrastructures type escalier, trottoir élevé ,…

De même, le taux de chômage des personnes en situation de handicap est 2 fois plus élevé que pour les personnes valides… Combattre le regard porté sur le handicap, c’est aussi se confronter à la réalité de la société !

 

Beaucoup d’entreprises mettent en place des initiatives en faveur du handicap au travail. Quels conseils leur donnerais-tu ?

Mickaël Jeremiasz :La sensibilisation des collaborateurs et des managers est la clé pour les entreprises qui partent de zéro. Chacun doit comprendre la réalité du handicap pour mieux l’appréhender. Chez Handiamo!, nous proposons une démarche reposant sur un travail pédagogique et ludique, qui peut se matérialiser par des événements de mises en situation avec des personnes de handicap. Ce type de rencontre marque les salariés : ce sont souvent des personnes qui ont un parcours de vie très fort et qui ont dû faire preuve de résilience particulière dans leur vie.

 

Dernière question : aux Jeux Paralympiques de Rio, tu as eu l’honneur d’être désigné porte-drapeau de la délégation française. Qu’en retiens-tu ?

Mickaël Jeremiasz :Il s’agit de la plus belle des reconnaissances de mon parcours d’athlète engagé. Ces deux mois de tourbillon médiatique m’ont permis, je l’espère, de contribuer à faire évoluer l’image du handicap et à créer une prise de conscience du grand public. Mais il y a encore beaucoup de travail !