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Bruno Bonnell : « Face à la robolution, il faut réfléchir à une reconversion professionnelle ou une réorientation »
Bruno Bonnell est un multi-entrepreneur spécialisé dans l’industrie du numérique. Il dirige notamment ROBOLUTION CAPITAL, premier fond européen exclusivement consacré au financement de la robotique de service. Il est également membre du conseil d’administration du groupe Danone, Robopolis et de Pathé, ainsi que président du conseil d’administration d’EMLyon business school, école supérieure de commerce et de gestion. Le multi-entrepreneur est aussi chef de file du projet Robotique auprès du ministère de l’Économie, des Finances et du Numérique et fédérateur « mieux communiquer » pour le numérique, auprès du ministère des affaires étrangères. Il interviendra sur « L’emploi et ses mutations en 2025 : que ferez-vous en 2025 » dans le cadre d’Osons la France.
Comment imaginez-vous évoluer nos métiers dans 10 ans ?
D’ici 2025, les métiers qui vont connaître des évolutions peuvent être classés en trois catégories. La première connaîtra l’issue la plus tragique puisqu’ils sont amenés à disparaître. Il s’agit de ceux liés à de la pure mécanique, de type manœuvre sur des tâches difficiles, comme les caristes, par exemple, ou même les taxis. Leurs tâches seront remplacées par la robotique. La deuxième catégorie concerne les métiers que l’on croit surtout techniques et un peu humains comme les avocats ou les médecins. Avec l’évolution du numérique, ce sera l’inverse. Les machines seront capables de poser les diagnostiques mais les médecins devront toujours l’annoncer, ce qui demande des compétences psychologiques. Enfin, la troisième catégorie comprend les nouveaux métiers liés aux sciences de l’ingénieur et au big data, le traitement de données de masse du fait de la virtualisation.
Comment se préparer à cette révolution ?
Pour faire face à cette robolution, il faut réfléchir à une reconversion professionnelle ou une réorientation, surtout pour les personnes dont les métiers vont disparaître. Plus généralement, auparavant, on acquérait des connaissances de base puis on développait une expertise ou on améliorait son tour de main grâce à ce réservoir de connaissances initiales. A présent, il faut miser sur l’enseignement tout au long de la vie, cela devient vital. Les personnes exerçant des métiers qui vont devenir plus humains devront développer des double compétences en mettant davantage l’accent sur le psychologique. Celles occupant des postes qui vont être réinventés par l’apport du big data devront apprendre à les gérer. Un directeur marketing qui n’est pas capable de gérer des données statistiques en masse sera handicapé. Pour ce faire, chacun doit bénéficier de davantage de temps de formation.
Sur quelles pistes avancer pour adapter le temps de travail à ces évolutions ?
Le politique est toujours en retard par rapport à l’évolution technologique. Les réformes de la formation en cours vont dans le bon sens mais ne suffiront pas à rattraper ce retard. Il faudrait aménager réellement la semaine pour que sur 35, ou même 25 heures de travail, une partie soit dévolue à la formation. Le pari, c’est que l’on réalise suffisamment de gain de productivité, qui devraient être visibles à l’horizon 2030, pour financer l’investissement nécessaire à l’emploi et à la formation. Ce serait une erreur fondamentale de penser qu’ils doivent alimenter l’Euronex et l’actionnariat en général. En parallèle, il est nécessaire que les écoles et les organismes de formation continue développent le distanciel avec des formules comme les Mooc (Massive open online courses), ces formations en ligne ouvertes à tous. Les solutions techniques telles que la reconnaissance faciale ou la signature électronique permettent déjà de vérifier que les gens ont bien suivi les formations à distances, pour pouvoir les certifier par un diplôme. Nous serons moins dans un schéma traditionnel avec des cours à 8h, certains se formeront au petit déjeuner, d’autres la nuit, à leur convenance.